J’aurais préféré vous raconter Barcelone ou même mes cours à Cuba quand le prof nous attachait les mains pour nous apprendre à jouer à la Brando, pourtant j’ai l’impression que c’est par là, le récit des circonstances, la mise en place des questions et des héros, absents, c’est toute la question, que devrait commencer mon office de substitut du « narrateur », un machin quasi notarial; transcrit sur vélin en peau de vélot, le veau mort-né des calligraphes, oh ! que je n’aime pas ce mot si lourdement littéraire, si impropre bien que tanné et retourné, impensable ici où il faudrait à peine un léger et bref conteur, un récitant de théâtre en coulisse, caché, ou entortillé dans le rideau de scène, pas un monsieur Loyal, montrant discrètement quelques écriteaux de lettres au pochoir, soufflées à la bouche, interrompus fréquemment par l’événement et l’action.
Pas de description. Pas d’adjectifs. Du verbe.
Mais . . . Je dois y aller. Raconter, c’était le deal . . . Mais c’est impossible, j’en sais trop peu pour poursuivre, boucher les blancs, ne pas garder le silence.
Dans l’ordre, j’ai trop de cadavres et de disparitions à expliquer, justifier, mettre en questions. Mon père, un vrai courant d’air, peut-être mort ou pas, nul ne sait, l’ami de mon père, il avait l’air disposé à m’aider, un type très bizarre mais j’aurais pu faire avec, évaporé durant mon absence, l’un et l’autre étant peut-être bien « disparus » au sens qu’on ne sait pas vraiment, ami chargé lourdement depuis bien longtemps de raconter la saga, en tant qu’ami pour moi aussi, il allait bientôt le devenir, ami futur qui m’a fait faux bond dans cette fonction de raconteur si lourde, toujours impossible, même au cinema, ensuite, peut-être au point de départ, ces trois Évangélistes aux poumons gorgés d’eau, retrouvés non loin d’une chaise couleur azur, plantée dans le sable, sous une couche de vagues bien salées.
Apparemment aucun rapport.
Je sais, ils étaient quatre et on a retrouvé aussi le quatrième, un peu plus loin.
Et ils étaient appelés ainsi parce qu’ils, ces messieurs big man du bad trip ou de l’ecstase, se répartissaient les secteurs de vente du crack, de la coke, du shit et de l’héro, sans parler des amphé, des acides, des Adam, des Angel, cailloux, sucre roux, etc . . . . par portions du territoire et du matos en quadrants, dispatchés en substances symboliques comme l’eau, la terre, l’air et le feu et qu’ils étaient en train de bien convertir et évangéliser la région. Mais quel rapport avec mon père qui s’occupe ou s’occupait d’affaires d’État, de secrets défense ?
Il était pas un petit flic de la répression anti, pas un poursuivant de guetteurs et sauvageons, mon père. Je ne crois pas qu’on aurait pu faire tout ce show autour de ses missions sinon . . .
Amoureux de la Catalogne, david domitien duquerroigt y vit maintenant un peu retiré du monde. S’il a côtoyé une partie de sa vie, avant la chute du mur de Berlin, les attachés culturels us ou soviets, sans avoir autant qu’eux l’air d’un espion, c’est que à côté de ses contes utopiques, caché derrière les ronds de jambes de ses représentations diplomatiques, il s’est donné pour tâche d’écrire secrètement l’histoire compliquée de Dio Darko Brac, l’agent de la délégation de la défense extérieure, détaché auprès de la section ne figurant sur aucun organigramme de la direction des affaires étrangères non élucidées.
La nouvelle histoire que ddd met en route après son blog ayant pour siège la gare de Perpignan sur le Nouvel Obs et son essai de raconter sa vie ou son ultramort sous la Maison Carrée de Nîmes, est celle, amicale et nostalgique de la rencontre avec le fils de Dio, un jeune homme tranquille.
Mais voici tout à coup que ddd se retrouve à nouveau, aux approches de la maison Carrée, dans son archi-dessous envahi par les eaux après être passé par le fond de son jardin . . . pour une nouvelle aventure bionico-sf.