Je suis donc parti de Sanremo par le train Milano Centrale de 5 heures 24. Me remémorant tout au long du voyage quelques étapes du parcours qui m’avait amené là. Je vous épargnerai ces souvenirs et images qui m’ont alors traversé. Sauf, compte tenu de cet état si particulier que provoque le balancement-glissement du train où l’on peut être emporté et assis hyper-passivement en apparence (c’est évidemment impossible intérieurement) ou affairé extérieurement, empêtré dans ses outils ou paperasses dématérialisées, vu le peu d’espace disponible et l’étroitesse des tablettes rétractables quand on essaie de manier à la fois téléphone, tablette pour rechercher et ultraportable pour écrire et j’avais en plus l’un des calepins qui me suivent partout et un crayon dont la mine s’était cassée, même avec les places laissées vacantes par le confinement, dans cet état transitoire instable, emporté, c’est donc là que cette image s’est imposée, image que j’évoquerai pour vous (c’était une vision très claire qui s’était imprimée en noir et blanc sur l’écran que nous avons tous installé dans le crâne, écran qui anté-projette devant nos yeux, imaginaires ou réelles, à l’état de rêves ou rêveries des suites filmées, des images fixes, des vissions hallucinées) une séquence contenant cette image d’ELRIC que j’avais vue sur Facebook (photo d’ Alain) en jetant un dernier regard à ces liens, matériaux, sites, courriers, stocks de documents, qui nous relient aux facettes de nos vies aux amis, parents, connaissances, supports de mémoire et recours, que je devrais oublier pour parcourir et traversant librement et peut-être si nécessaire clandestinement, les frontières qui me séparaient de la base de lancement qu’il me fallait rejoindre au plus vite. Un ELRIC tête nue, rêveur, emporté par son écoute peut-être ou déjà en train d’évoquer une critique ou une remarque à son propos, les écouteurs décalés, l’un placé beaucoup plus haut que l’autre, signe que le son qui le traversait était en équilibre mouvant plus que statique, en réceptivité dynamique et peut-être même en recomposition dans sa tête, un peu comme la mienne,

sans discontinuer déplacée et inondée d’images, de paysages, de villes et parfois de gens, derrière la vitre, en traversant des gares,

revisitait en arrière plan, aidée en cela par le transport et la vitesse, des pans de cette vie déjà vécus et paradoxalement, anticipant des moments à venir.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.