Certes il avait fallu s’y résigner.
Je ne vais pas vous torturer ni tenter de lasser ce regard indulgent que vous portez ici-même sur cette tentative de récit absolument impossible (et vous allez voir un jour pourquoi) . . . avec la description exhaustive des mutations de ce nouveau corps qui m’est échu ces avant-derniers temps. Un détail suffira, celui de l’évolution – « normale » jusque là – de mon pelage animal (le peu qui en subsiste du moins au travers des évolutions millénaires et récentes de ma lignée de singes frugivores, mangeurs d’huîtres, ramasseurs de prunes et casseurs de noix).

Moi aujourd’hui blanchi et raide-défrisé, originairement de poil blond-châtain frisé-ondulé, celto-ibéro-grec supposé ou attesté sur les arbres généalogiques comme provenances génétiques certaines et traçables (du moins connues dans leurs resurgissements au travers de générations homologuées, ce qui exclut évidemment les promenades sur les sentiers tracés hors registres paroissiaux et bénis officiellement, forcément ouverts, un jour ou l’autre,  par mes ancêtres proches ou lointains), j’étais donc passé peu à peu au blond-blanc platine défrisé.

Blanchiment ou perte de poil, voilà la bifurcation obligée chez les anthropoïdes et chez beaucoup de mammifères s’y étant depuis cent-soixante-sept millions d’années déjà résolus. Mais la principale avanie (certains auteurs dont Madame de Sévigné n’ont pas hésité à la décrire, sans parler de la comtesse de Ségur) c’est que ces poil blancs et droits, devenus forts et raides, parfois . . . sans être ceux du général Dourakine, rebiquent maintenant et se courbent, y compris au niveau de l’œil, dés l’implantation du sourcil, implantation et orientation devenues telles qu’elles font s’emmêler, nouveau souci d’un être en sursis, les sourcils aux cils, dans un maquis épineux pire que corse, plus que broussailleux bien que moins odorant et même . . . provoquent des surgissements exubérants de croissance nouvelle taillées en pointes qui entrent obstinément dans le blanc de l’œil ou en son centre qui besoin n’avait d’un tel coup.

Super-mauvais coup de ces flèches drues enfoncées en son cercle déjà percé d’une pupille opacifiée par les ans.

Ô facultés déjà affaiblies, par l’âge et l’usage qu’aviez vous besoin de ce trait !

Voyez, pas de quoi s’éterniser sur ces affres du temps. Rien que de très « normal », évolutif et répertorié. [J’essaie de minimiser ce qui peut l’être encore dans le verbe.]

Mais ce dont je voudrais vous parler vraiment . . . . attendez ! . . . ressortit au plus extraordinaire.

Diable direz-vous, le voilà reparti dans ses divagations ? Que non. Rien que du vécu, comme promis depuis le début; qu’y puis-je si ce qui m’arrive est maintenant outrancier, dysfonctionnant, irracontable et programmé par un coffre dont je n’ai pu percer le secret ?

Certes, on pourrait peut-être imputer aux prouesses excessives que je venais d’accomplir mon état apparemment apparenté au tremendum delirium. Je n’exclurai pas les précisions qui s’imposent pour vous persuader du contraire. Voici.

Les jours précédents, je n’avais alors que bientôt 77 ans, j’ai dû une fois encore grimper aux arbres et certains je le sais vont trouver ça extravagant. Pourtant rien de plus rationnel. Charles qui diffère grandement de moi avait envie de suivre sur les chaînes et canaux adéquats divers événements sportifs sur les très grands écrans de télé dont je dispose, étant de mon côté un ex-cinéphile non repenti accro aux films turcs, iraniens ou argentins.

Mais voilà, étant trop amoureux des arbres et en laissant pousser tout autour de mon logis, c’était compter sans l’interruption des flux paraboliques nourrissant nos écrans sur cette chaîne qui par monopole inadmissible les diffuse, or, en notre absence, des rameaux s’étaient encore interposés aux ondes venues du ciel des images à péage. J’ai donc, à plusieurs reprises dû installer la lourde échelle. Y grimper et comme elle n’était pas assez haute bien qu’articulée en trois parties, continuer sur les branches et les nœuds du tronc tout en charriant ma scie là-haut, très haut vers la cime. Évitant de trop couper à chaque fois et remontant à nouveau. Jusqu’à rétablir, la sève amère coulant sur ma tête, répandue des branches déjà sectionnées à vif, la liaison satellite de mes boîtes cordons et appareils.

Était-ce donc le résultat de cette fatigue inaccoutumée (malgré ma propension à grimper souvent aux arbres pour mille raison d’élagage, après le voyage retour éprouvant au milieu des marées de véhicules de début de vacances pour la plupart de mes concitoyens ?

Je ne le crois pas, mais vous allez en juger par vous-mêmes, lecteurs futés et retords que vous êtes, je le sais.

Et vous n’êtes pas là pour des prunes, même sauvages, ça je le sais bien. Ou du moins, je m’en doute.

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