J’ai hésité longtemps.
Si je reviens, ça va être comme une faible incongruité, au mieux, dans le fil de ce discours sans importance et sans poids, un semblant de fissure disposée dans le pli du récit en ornement schismatique, en blasphème mineur ou en simple hiatus dans le détail d’une intrigue éloignée de toute actualité et de toute implication historique dont la cohérence logique déjà entamée s’avère bancale. Pour certains (la majorité ici présente et d’ailleurs bien faible de ceux qui n’ont jamais cru à cette histoire), ce devrait être après et au milieu de cet amas de beaux gâchis et de catastrophes prévisibles qui nous surprennent et nous menacent quotidiennement, un presque soulagement .
Pourtant, je vous l’assure, je ne suis ni un homoncule belzébuthique jouant les perturbateurs de l’attention que requiert le présent du monde, ni même un simple Baphomet de jeu vidéo.

Juste cela, et je regrette d’avoir choisi ce jour pour l’affirmer : Je suis le Fils de Dio.

L’authentique. Ni plus ni moins.

Je le redis afin que ce soit clair :
Le fils de Dio c’est pas l’Autre, celui que vous avez cru, je voue le dis, ce n’est pas lui, le dit-Marko . . . cinéaste et acteur non avenu . .  . . .

c’est  MOI qui le suis.

Et je ne suis pas suffisamment diabolique pour les avoir tous fait disparaître à la trappe, le père, le fils, le scribe, l’acolyte . . . et ceux qui croyaient en eux, de façon à réapparaître ici seul. Non. C’est ainsi. je ne prétends en rien m’imposer en un jour pareil, je n’y puis rien du tout, rien. C’est ainsi, il faut l’admettre.

Il se trouve que.

Si j’y étais pour quelque chose, je n’aurais pas choisi de réapparaître en ce jour.

Je ne prétends pas non plus apporter de solution miracle aux énigmes qui occupent cette équipe défaillante depuis le début, repliée qu’elle est dans sa fuite au Cap creux. En ce sens je serais, plutôt l’anti-faiseur de miracle, le désenchanteur, le trouble trinité, le désimposteur, le coupeur de jarret du mythe trilobé.

Car c’est juste ça, vous m’entendez : je suis le Fils de Dio en personne.

Ma mère me l’a toujours dit.

Avant que je parte d’Haïti pour passer à Saint Domingue et ce, d’ailleurs, au pire moment, quand on nous faisait systématiquement la chasse en Republique Dominicaine, qu’une fois franchie la frontière on nous poursuivait la nuit en nous accusant de tous les crimes, trompeurs, voleurs, violeurs, menteurs, malsains, dissimulateurs, maudits, inaptes au sérieux, à la parole donnée, au travail, à la moindre confiance, pour nous larder au couteau, nous faire fuir, nous tirer au fusil comme des agoutis, après nous avoir éreintés pour six sous et trois misères à couper la canne sous le soleil de son lever à son coucher, ma mère m’a donné la preuve que j’ai toujours sur moi :

je suis le vrai Fils de Dio, né à Trou du Nord, village de vaches maigres, presque à côté, à 19 kilomètres du Palais en ruine du Sans Souci, non loin du Cap Haïtien où ma mère, Dieu, que les Vaudousas ou les Orishas aient son âme, était, ayant un peu, elle aussi, maîtresse en danse rada et kitamoyé, roulé le cigare en Dominique, transfrontalière et contrebandière en lingerie fine et philtres d’amour, ayant été possédée par Dio, et moi engendré par elle et ce père espion de légende quoiqu’inconnu des foules et bien caché mais de passage, ce jour-là chez nous autres, pauvres gens des terres misères.

Je vous dis que j’en ai la preuve.

Enfermée dans un tissu encadré de peau de bouc que je vais vous montrer.

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