Durant tout ce temps vous avez dû réfléchir à plein de trucs et même peut-être il vous en est arrivé plein d’autres, que je n’imagine même pas. Comme d’être tombé sur un ou une ami.e d’enfance qui vous a reconnu.e grâce à la cicatrice que vous avez depuis l’âge de six ou sept ans sur votre avant-bras droit et qui ressemble à une bouche large et charnue qui sourit.

Si c’était ça, ça aurait pu être, comme ça m’est arrivé, parce qu’il ou elle vous accompagnait en rampant, durant votre très jeune âge, dans cette mission d’exploration un peu aventurée-reuse où avait craqué si fort, en fracas, le parquet disjoint et desséché du grenier où séchaient des grappes de raisins blanc-vert-doré qu’à l’époque on faisait sécher pour essayer d’en retrouver en fête tardive au moins quelques grains concentrés en sucre, à la peau recroquevillée, jusqu’aux aux alentours de Noël.  Je me souviens, les parents m’avaient mis un torchon propre autour du bras pour essayer d’étancher ce sang qui n’arrêtait pas de couler parce que le grand père qui s’en voulait sur ce coup là avait placé les grappes sur de grands morceaux de vitre pour les surveiller par transparence depuis l’échelle du grenier et que ces vitres brisées par la chute m’étaient rentrées assez profond dans le bras.

Ou alors vous avez peut-être déjà sculpté dans du beurre. Sculpteur de beurre c’est pas un vrai métier, juste une passion momentanée. Quand elle se lève en premier, cela n’arrive pas. Quand c’est moi ça arrive. Elle me dit toujours, sachant que je suis très distrait, surtout le matin tôt, elle déjà très éveillée : « sors le beurre ! » et c’est bien sûr, arrivant dans la cuisine, ce que je fais, si je n’ai pas eu trop d’autres préoccupations en longeant l’étendue du couloir pour arriver devant le frigo après avoir allumé l’interrupteur qui manque de chance a été placé derrière la porte. Alors pendant que grille le pain, passent le café et le thé, font des crissements et des glous-glous (faut bien les mettre au pluriel . . . ) les machines électriques, je sculpte le beurre. C’est d’abord un peu dur puis ça devient plus facile et là je sais que ça va être le moment de dire, de crier à l’autre bout du couloir : « viens vite, ça y est ! ».

Je sculpte quoi ?

Une fois une vache endormie et couchée dans le pré. C’est assez facile de faire les brins d’herbe et les cornes contrairement au rendu des taches sur la peau. Les naseaux aussi, c’est facile de faire de beaux petits trous bien ronds avec un couteau pointu.

Une autre fois j’ai voulu sculpter un porte-plume avec une image incrustée dans le manche, vous savez ces images qu’il faut porter à l’œil, tout proche de la pupille, pour voir, mais là j’ai pas réussi tout à fait, mais qu’est-ce qu’on a ri. Surtout quand s’étant levée un peu tard, elle a voulu voir ça de près.

Voyez je vous l’avais dit, cette histoire de Naumachies de Nîmes c’est pas de la tarte, d’autant que je ne conduis rien dans cette histoire, ni le fil ni la trame et le métier s’emballe tout seul et me fait tisser n’importe quoi, des sortes d’écharpes emmêlées au lieu d’un bon et vrai drap . . .  sacrée machine ! c’est elle qui m’amène, je me demande où.

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