Saison Deux. FRAGMENT 2.

1703061127/ 06F / MABIO
Titre provisoire : Sans image.

[dropcap]J[/dropcap]e vous ai déjà prévenus, attention ici je sabote un peu le truc, comme le fait David comme pour éliminer, semble-t-il, quelques lecteurs de plus et être sûre de ne garder que les inconditionnels ! . . . .

. . . . ça descend en suivant la pente et vous avez pu le remarquer chez Alain [je dis Alain car David ne veut pas que j’utilise la dénomination de Saint A.F. et je n’ai pas compris pourquoi, moi je la trouvais pleine de respect et même de révérence envers un des pères fondateurs] il semble que le héros-narrateur (celui d’Alain) suit aussi cette courbe du terrain (entre parenthèse : de courbe de niveau en courbe de niveau, espérons que . . . .

Voilà, revenons-y, c’était ma première idée qui aurait dû me mettre sur la voie d’un certain music hall, j’arrivais avec un truc en plumes et peu à peu des mecs qui se trouvaient derrière les balustres – c’était un escalier pas droit mais tout en courbes qui permettait de mettre tous les profils de mon corps en valeur et plein de mecs à demi cachés – me déplumaient de telle sorte que j’étais nue, sans plume ni poil ni rien d’ailleurs avant d’arriver en bas. Cette mise en scène dépilatoire n’à plu à personne, ni à Guillemo ni à aucun des quatre Évangélistes qui pouvaient éventuellement financer le shaw si j’avais le feu-vert de cette bande des cinq. Ils trouvaient ça plus folie bergère que hard performance. Vexée j’ai donc cessé  de proposer des idées. Et les choses en sont restées là assez longtemps, puis un jour, je fais remarquer qu’ils avaient gardé l’idée de descendre un escalier qui était bien de moi, ils m’ont tous dit « maintenant tu vas voir ! » et j’ai vu.

Ils m’ont amenée au Cap Creux, peut-être prenait-il là tout son sens, c’est à dire vide ou plutôt creusé de l’intérieur dans un sens dramatique et peut-être désespéré.

Bientôt, d’abord,  ils m’ont fait mettre entièrement nue. je suppose que c’était une allusion à ce foutu joueur de Marcel en personne, le maître à penser de ce Guillermo qui n’était pas du tout David mais ressemblait un peu à David en plus vieux, ce Marcel-même, celui qui avait raté son coup avec la riche héritière et qui du coup fréquentait une baronne désargentée qui bien avant moi posait à poil.

Ils m’ont rasé la chatte, m’ayant interdit de le faire avant. Ça c’était stipulé par contrat et une séquence importante du film.

Ils me filmaient donc, deux caméras, pendant tout ce temps, à l’époque en caméscope et super-huit. de toutes façons il fallait que ce soit dans le genre un peu film d’amateur, tressautant et avec enregistrement du vent.

Je devais descendre par un sentier rocailleux plongeant sur la mer qui formait par endroit des marches taillées dans le granit, c’était, je le connaissais bien, un endroit où les contrebandiers avaient chargé ou déchargé des barques dans le temps, et peut-être aussi ça avait servi a quelques opérations clandestines pendant la guerre, peut-être pour les Rouges ou peut-être pour les Franquistes ou peut-être pour les deux, mon père nous l’avait montré ce passage quand j’étais gosse un jour où il m’avait amenée avec mes cousins pour une partie de pêche à la turlute  sur sa barque – désolée, j’y peux rien, c’est la pure vérité.

Donc j’ai pris l’air le plus inexpressif, neutre, pas glamour que j’étais capable de faire sans grimace.

C’est clair, entre temps j’avais eu le temps et ça bien avant l’arrivée en vagues des femen des plaines d’Ukraine qui à poil dans les églises ont pu se mettre à dos, si j’ose dire, avant d’être martyrisées, aussi bien les crétins fillonneux que les féministes orthodoxes, donc j’avais pris le temps d’étudier les performeuses d’avant, des temps anciens, celles déjà aux noms terminés en -IC, venues de l’Est bien avant les « salopes » canadiennes ou du centre-Europe, qui avaient inauguré, elles ont maintenant, repos mérité, les seins qui tombent un peu et bien dans les soixante-et-dix ans et ouvert cependant vaillamment, poitrine fière au vent, la brèche de cet art du corps où les femmes ont enfin eu toute leur place, avant qu’une américaine réussisse, assez culottée pour les exposer en oeuvre d’art, à reproduire les couilles géantes en chocolat de Nelson Mandela pour faire honte à ces salauds de petits blancs aux pruneaux ratatinés sur leur impuissance rabougrie de religiosité fixiste et raciste .

Il n’était pas question cependant de me faire tâter les seins dans un carton ou d’avaler pour ravager mon corps un tas de produits ni de me congeler les fesses jusqu’aux limites du plus comestible, en vrai. Je voulais garder la mesure et la jouer en performeuse plus connaisseuse qu’extrémiste. Je voulais même en descendant cette sente pentue et rocailleuse augmenter ma dignité et mon exemplarité de femelle couillue ou du moins clitoridue.

Et la chaise dans tout ça, direz-vous ?

j’y viens elle était au bout de mes peines et supplices.

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