Noir, sommeil profond. Corps fondu dans la masse de la montagne, mon esprit parcourt les pentes, inquiet. Je dors dans la chambre du modem. Au cœur de la nuit, l’arrivée d’un message crypté me réveille. Le voyant lumineux s’est subitement mis à palpiter, révélant les restes de l’antique fresque ornant le mur. Une grande scène mythologique de style Khyenri.

Depuis, je reste ainsi, couché, figé, le corps pesant encré profond dans le lit, les bras paralysés, le regard verrouillé sur le rugissement de lion de Padmasambhava dans sa forme courroucée. Les palpitations lumineuses du LED semblent l’animer d’une vie propre, vacillante, inquiétante, déformant plus encore les crispations de son rictus. L’outremer profond de son corps dansant absorbe la lumière blafarde et je distingue à peine dâkinî Mandarâva, la tigresse volante qu’il chevauche. Les flammes rougeoyantes qui l’environnent ondulent, hypnotiques, et le crépitement électronique du modem leur prête voix.

Hallucination nocturne, fascinante, terrifiante. Pourtant, je n’ai pas peur de Padmasambhava l’ésotérique. J’ai peur de ce que les hackers d’une agence hostile m’ont planté dans le crâne. J’ai peur de ce que je croyais être encore hier ma volonté propre…

J’ai peur de moi.

BAM !

Comme si on avait cogné l’intérieur de mon crâne. Une plongé vertigineuse, une chute en arrière, et une petite éternité à nager dans un lac de sueur glacée. Doux crépitement du sommeil qui m’accepte enfin…

 Demain

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