J’ai fait un rêve.
Je possédais une énorme masse d’or brut. Un bloc unique, de 20 cm d’épaisseur et grand comme une table.
Intransportable.
Dans le rêve, la chose me posait un problème. Je possédais ce bloc, d’une très grande valeur, mais ne pouvais essayer de le monnayer sans devenir suspect aux yeux des autorités (?). Je pensais le couper en blocs plus petits, mais, tenter d’en vendre des morceaux m’obligerait à reprendre contact avec des réseaux occultes, peu regardant sur l’origine de la marchandise, mais qui m’en proposeraient un vil prix. Qu’en faire ? Dans le rêve, je me trouvais contraint d’en arracher des copeaux minuscules qu’il était facile de vendre sans trop de risque. j’en éprouvais une forte sensation de frustration à diluer dans la médiocrité des besoins quotidiens une valeur intrinsèque immense à jamais inaccessible dans son intégrité.
Ensuite ?
(Les rêves sont pénibles, plus bloc qui te tombent dessus d’un coup que véritable narration. Et au réveil il ne t’en reste que des bribes insensées.)
Ensuite,
je tente de rattraper Simhamukha dans mes couloirs. Elle semble plus courroucée que jamais et progresse d’un pas rapide. Je la suis péniblement en interrogeant son dos. Aucune idée des questions que je lui pose. Ces questions sont importantes. Les réponses que j’espère sont importantes. Mais la déesse ne daigne ni se retourner, ni ouvrir la bouche. Elle avance rapidement, et je ressens toute sa rage dans la manière dont son talon attaque le sol de pierre.
Enfin, au bout d’une poursuite épuisante, ou mes pas semblent plombés par une gangue poisseuse d’or semi-liquide, nous arrivons dans un cul de sac, là ou le dernier couloir creusé dans la montagne s’arrête. Elle se retourne alors, et un rugissement terrible fait trembler le monde et m’écrase le visage. Simhamukha tend le bras, touche mon épaule et j’y ressens une vive douleur qui me réveille.
Je mets quelques minutes à émerger des brumes du sommeil. Instinctivement, je porte ma main opposée à mon épaule blessée. Rien. Je bouge doucement le bras, mobile, sans douleur, et constate que le baume que la sorcière Simhamukha m’a donné a parfaitement fonctionné. Je la remercierais la prochaine fois que je passerais par son village.
Ensuite ?
Je suis réveillé et décide de baptiser mon obsession. Femelle ou femme, cette «Yéti» ne peut plus rester sans nom. Mais comment ?
Je ne peux quand même pas l’appeler « Pénélope » ?
Alain François est né en 1965. Plasticien (DNSEP obtenu à l’EESI en1992), il va se consacrer une dizaine d’années à la peinture et aux micro-publications avant de passer quinze ans dans la communication institutionnelle. Parallèlement à cette carrière très sérieuse, il écrit. En particulier un blog intimiste, dont les années 2006 et 2007 ont été éditées aux éditions publie.net en 2011.
De 1999 à 2006, il va fonder et animer plusieurs sites internet collectifs, tels que bonobo.net (galerie en ligne), leportillon.com (collectif d’artistes), bonobocomix.com, un éphémère journal de Web-BD, mais aussi créer les premiers sites des éditions ego comme x et de l’An 2.
En 2006, il reprend ses études universitaires et obtient un Master recherche Arts numériques. Depuis, il publie des articles scientifiques dans le cadre du Laboratoire d’Histoire visuelle contemporaine de l’EHESS et scénarise deux projets de bande dessinée avec Elric Dufau et Marine Blandin.
En novembre 2012, Il commence un journal photographique en ligne, projet d’art social au long cours exclusivement réalisé avec un smartphone, qui constitue au fil du temps l’album de la communauté des auteurs de bande dessinée à Angoulême.