[dropcap]C[/dropcap]’est pas ce qu’il y a de mieux de raconter en feuilleton ce qui s’est passé ce jour où ayant décidé de raccrocher définitivement ma panoplie de foutu agent spécial en m’installant tranquille sur un bord de la mer, notre mer, dans un coin assez perdu (oui ça existe) j’ai été rattrapé par ces histoires et les siennes surtout. A vrai dire pas directement. Même pas directement par Dio Darko Brac en personne et en chair, il avait disparu depuis pas mal de temps de mon champ de perception et peut-être du monde. Il avait pas fait de très vieux os, le camarade, apparemment; on l’avait pourtant cherché partout, moi, moi surtout, et quelques autres avec moins d’ardeur.

C’est son fils, un de ses . . . peut-être, qui m’est arrivé un jour. Je ne savais pas qu’il existait.  Dio ne m’en avait jamais rien dit. Dio semblait l’avoir reconnu, en tous cas il portait son nom et se présenta comme Marko Brac. C’était assez émouvant de voir cette jeunesse et cette réapparition. Non, ce n’était pas exactement son père ce fils-là, mais pas loin. Mêmes cheveux noirs, épais, yeux entre gris et bleu lac, bleu assez sombre en fait, même profil, ça c’était frappant, même type de corps et de corpulence, même façon de se mouvoir, gestes bien découplés, à l’aise, presque voluptueusement, un peu dansant mais en légèrement plus pâle et un rien plus adipeux et aussi nettement moins joyeux, un poil plus lent. Pour moi il n’y avait pas de doute, pas besoin de test ADN. Tel père, tel fils. Quelquefois c’est bien le cas.

C’était un jour où la mer était bleu bouillant.

Quand la Tramontane souffle, elle devient dure et ardoise.

Là, elle produisait des bulles de surface et comme toute transparence était exclue, la tramontane enlève à l’eau, sur ces rivages, sa profondeur habituellement cristalline sur le fond granitique sombre piqueté d’éclats ou sur le sable blanc placide, en ce jour, la mer était spécialement fermée, opaque, indéchiffrable.

Il avait toqué à ma porte vingt minutes après un coup de fil.

Ma surprise, il faut bien l’entendre était augmentée de tout ce qui m’entoure et de mes choix. Je vis assez loin de tout. J’ai retapé une ancienne maison abandonnée sans eau ni électricité. J’ai l’eau d’une source et l’électricité d’une plaque solaire. Mon réseau dépend des ondes qui généralement passent par ici, venues du signal sur la colline mais le vent, on dirait, en déplace parfois le cours. Je n’avais presque rien compris à ce qu’il m’avait dit et n’avais pas lu son sms.

Je le regardais dans les yeux puis au bout d’un moment je lâchai presque dans ma barbe (je devais être un peu renfrogné) :

— Bon sang ne saurait mentir, ce qui est une parfaite stupidité.

à suivre…

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