Car maintenant je vous parle de plus loin, beaucoup plus loin. Toujours dans le même espace mais à des années lumières.

Pendant que certains remontaient un peu la couette sous le menton le matin du côté de Nantes ou mettaient carrément un pull sur la plage à Saint Brieuc, nous avions eu, en Provence, Roussillon et Languedoc, l’impression que tout allait cramer, pas seulement à cause des incendies.

Pauvres de nous. Bien loin nous étions de nous douter de la suite quand déjà recuits et réchauffés, loin d’être encore fondus-foutus mais déjà sang bouillu, nous ne savions pas.

Que nous aurions à prier Saint Laurent.

L’homme du grill sanctifié en des temps reculés qu’on moquait dans le Sud y compris dans les villages célébrant et portant son nom (tels Saint Laurent de la Cabrerisse, . . . des Arbres, . . . de la Salanque, . . . de Cerdans, . . . d’Aigouze . . . et caeteri et caetera . . . et encore et encore . . ) par des journées en plein air en forme de cargolades géantes, grillades de pacifiques escargots sacrifiés et posés en coquille farcies d’ail directement sur les barreaux du grill énorme mis au feu, ou par des célébrations champêtres de parrilladas monstres, rôtissage en plein air d’abats, triperie révélant des trésors de fumet de pièces de multiples culs, hanches, flancs, têtes, cous, oreilles et queues couillues, viandes entrelardées et spécialement goûteuses de jus, peau boucanée, âcre fumée, festival quasi cannibalesque de nos frères coureurs d’herbages abattus courant dans l’élan, à la mode des gauchos argentins ou carrément en édifiant des monuments funéraires nouveaux, par exemple des sculptures de rond-point coûteuses, là où nous tournions en bourriques, emportés en quart de cercles pour calmer nos ardeurs, mais faciles à réaliser en ferronnerie surdimensionnée faites, plaisanteries éculées et douteuses mais suant l’humour à la Dubout, en gros tubes d’évacuation d’eaux usées, assez pour être supposées déclencher le rire des automobilistes étrangers ou nouvellement arrivés en cette zone d’étangs, moustiques et huîtres, voués à être un instant interloqués sur les carrefours au moment de chercher et vérifier la bonne destination de leur camp de camping et résidence vacance vers Palavas ou Argelès ou Barcarès et . . . enfin . . . toutes sortes de festivités, lâchers de taureaux et de ballons de couleurs, jeux de piscines plastifiées improvisées, chants régionaux chauvins et avinés, le tout d’ailleurs inévitablement arrosé d’anis, petits crus locaux nettement moins piqués qu’avant et muscats trouant les dents de sucre ou plat rosé glacé quand venait l’été.

Cette fois-là fini de rigoler.

 

 

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