[dropcap]J[/dropcap]’en avais marre. Il fallait que j’intervienne si vous permettez cette interruption de Pénélope de son vrai nom Trinidad.

Trinidad a fait un tel portrait de moi ! Alors qu’elle-même . . . .

. . . . a trompé tout le monde quand elle est arrivée – comme par hasard ! – dans cette masure minable de ce coin perdu du Cap creux. Elle m’a raconté comment sa voix, enregistrée par l’Office du Tourisme et diffusée pendant des mois sur les trois bateaux de promenade côtière, lui a permis de laisser croire à tout le petit village de pêcheurs où elle est née et aussi à ces amis de David qui rappliquaient un à un d’on ne savait . . . où . . . qu’elle vivait, encore mariée à un peintre en bâtiment, dans les parages. Alors qu’elle était déjà depuis longtemps sur la frontière en free-lance du sexe puis porno-star méconnue prise sous mon aile à Barcelone.

Blanche colombe, elle a laissé planer un tel doute sur mes activités . . . qui ne sont que de transactions artistiques . . . et si je mets en rapport des grandes fortunes et des créateurs de tous niveaux, rapins, fauchés, inconnus, crève la faim pour la plupart, parfois des maîtres, ce n’est pas pour l’argent seulement.

La vraie histoire de la Chaise majuscule déconfite et délocalisée, cette chaise signée et rouillée qui se vendra un jour aux enchères de Sotheby’s, vous le prouvera.

En attendant, la pauvre, c’est vrai qu’elle est mal.
Elle veut tellement s’en sortir qu’elle a refait une chute dans l’escalier de l’hôpital avec ses béquilles, mais je vous rassure, c’est rien, juste un bobo de plus sur l’oreille accrochée dans cette deuxième chute contre la rampe de fer. Ça lui donne un air de lapin échappé d’un collet à force de tirer avec son cou et sa joue sur le fil qui l’étrangle pour se libérer. Et d’ailleurs ça ne lui va pas mal du tout avec son ensemble de bandelettes, cette nouvelle estafilade en coup de sabre sur le côté, je lui ai dit qu’elle pourrait facilement faire une couverture de Vogue avec ce déguisement de hussarde tatouée passant au travers de tout. Elle m’a envoyé une canne anglaise dans la gueule et maintenant c’est moi qui expose un petit échantillon modeste de plaies et bosses à côté de ses exhibitions grandioses, histoire de lui tenir compagnie quand je lui fais un brin de causette et qu’elle est réduite à mettre en veille, pour récupération de ses forces et fractures, son trop plein d’énergie.

Mais avant d’en finir avec cette histoire tronçonnée et télescopée et peut-être de redonner la parole à Pénélope,  je dois vous dire ce que fut sa chute magnifique.

C’est là qu’on voit qu’elle ira loin.

C’est une future très grande. Un tempérament. Et je l’admire telle qu’elle est.

Si elle ne perçait pas dans le body-art qu’elle s’apprête à révolutionner en le revisitant à sa manière un peu brusque parfois surannée pour ne pas dire totalement décalée, elle pourrait bien faire une carrière de tragédienne scandaleuse et de féministe rock entre résurgence de Liz Taylor, parodie femelle de Bowie et super-post héritière de Madonna, avec aussi un zeste de Ciociara.

Figurez-vous que pour la mise en scène, elle avait exigé dans l’escalier de la falaise que tous ses « boys » soient présents à côté d’elle ou devant ou derrière. J’étais moi sur une barque de caoutchouc, un gros Zodiac tout noir, au milieu des flots en train de faire le film malheureusement détruit à la suite de ma propre chute dans les flots de ce jour mémorable . .  . . . . et dont il reste pourtant cette image sur laquelle s’est superposé un bizarre graphisme pataud et en couleurs primaires (un mystère de plus dans cette étrange affaire).

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