Mais j’ai commencé, allons-y donc. Vous avez de la chance. Enfin   . . . si on veut. Ça va être la surprise pour ceux qui croient qu’ici on trafique juste des scénars de jeux vidéos !  Reprenons :

Les autres, projetés avec moi dans ce tube huilé qui nous ramenait à la surface, je ne sais pas s’ils ont vécu ça comme moi, mais moi j’ai cru mourir, c’était vécu en tripe et en boudin, pas qu’en cervelle et mortadelle ! d’autant que je me sentais, dans cette trajectoire et cette apesanteur du trajet, plus vieux encore que le vieux en surplus d’années que ce sacré coffre du fond de mon jardin ou cette eau de la Fontaine ou je ne sais quel sortilège, nous avait collé dans le corps en profondeur et dans l’âme tout à coup épaisse et alourdie de ce vécu (« vivencia » on dit en castillan, c’est plus fort et vrai) condensé, passé si vite que nous l’avions totalement oublié, ne restant que son poids d’organes lents et défaillants et de souvenirs compressés, accumulés, devenus opaques, (aussitôt oubliés ? était-ce possible ?), effet incompréhensible d’une drogue que nous n’avions ni inhalée ni avalée mais qui circulait malgré nous dans toutes nos veines et tubulures de machines molles et grippées; tout ça m’avait tué et m’avait d’ailleurs plongé dans l’incohérence car j’ai du même coup, revu toute ma vie ( allais-je vraiment mourir ?) durant ce vol lancé en obus vers le rond du ciel qui se profilait là-haut entre des blocs de calcaire dressés. On aurait dit que ce tassement des souvenirs de surface, les derniers qui n’avaient apparemment laissé aucune trace, avait enfoncé les plus anciens, les propulsant, à mesure de la projection en montée, vers les talons. Pesanteur ou apesanteur ?  Le fait est suffisamment insolite pour inciter peut-être un jour les chercheurs à le décortiquer s’ils en ont le courage. Je le rapporte aussi simplement que possible, voilà :

Très nettement, c’était une sensation physique et pas vécue en rêve ou projetée sur un écran, d’une force corporelle inouïe, éprouvante, interne et traversant chair et viscères : mes souvenirs rangés en couches descendaient par plaques, tranches, rondelles bien individualisées, dans ce corps exténué qui m’était maintenant échu, usé réellement et ravagé de cette aventure nouvelle dans le vieillissement des substances et humeurs. C’était à l’époque où je n’avais pas encore rendue inaccessible sur le net (involontairement, faut le dire) cette chronique qui s’appelait « ma vraie vie en vrac » mais bien avant que (autre surgissement irrépressible bien que prévisible) apparaissent ces actuelles et post-traumatiques velléités de raconter en désordre alphabétique, mot par mot, dans ces « analphabiotiques » souvenirs que j’égraine et dont je lasse certains amis bénévoles comme cobayes sur Facebook, une biographie purement faite de réel réel tel que je l’ai vraiment fantasmé, étant un homme de visions et d’images (dommage que ma main ne suive pas pour peindre et dessiner, fusse en lavis).

Y avait-il un rapport entre ces données ? Je savais que ces blogs bloqués par inadvertance ou par excès de sécurisation des données personnelles telles qu’elles sont indélébilement enregistrées par les machines de Palo Alto, au bord de la baie de San Francisco où se prélassent les phoques, ou ailleurs sur de mornes plaines remplies de structures géantes, buildings bruissants, grands échangeurs-stockeurs de données codées, de connections cryptées, n’étaient pas vraiment perdues.

Alors, fallait-il qu’elles réapparaissent, incorporées à mon être ? enfoncées maintenant dans mes divers systèmes respiratoires, circulatoires, digestifs, lymphatiques, nerveux, ETC . . .  et dans mes parcours d’idée sur des sentiers paumés, transvasement et miracle du bionique banalisé  ?

Qu’on ne s’y trompe pas. Rompu au doute et au scepticisme quant aux balivernes que nous balancent certains adeptes du merveilleux et de l’ésotérisme post-moderne racoleur de gogos en manque de miracles spirites, j’ai vraiment tenté de faire la part des choses. Je ne vais pas non plus vous dire que ces strates de souvenirs descendaient en moi comme une colique ou comme du plomb au fond de mes talons rongés par la marche. C’étaient plutôt des tranches qui arrivant au niveau du plexus s’évaporaient en images brumeuses, vaporeuses, et peu à peu se découvraient dans tous leurs détails de volume et de couleur en relief devant mes yeux, formant « tableau vivant » ou film en 3 D, à condition toutefois de comprendre que spectateur non séparé, observateur-acteur, j’y étais pris et partie prenante (vous allez voir à quel point d’ailleurs !).

Je n’oublie pas non plus qu’à l’entrée dans ce monde, déjà, avant même d’y pénétrer (était-ce le sens de la pancarte ? mais il y avait là bien certainement autre chose, bien autre chose, qu’une affaire et une histoire d’œil : ophtalmic road, on nous avait mis, obligatoirement, des

gouttes dans l’œil (1).

 

(1) Inutile d’y insister mais parfois les choses ne vont pas sans dire, aucun rapport ne doit être formellement établi entre ce récit qui se place dans les espaces souterrains et jusqu’ici inexplorés ( et d’ailleurs encore inexploités) de Nîmes, la tauromachique et romaine et, d’une part certains protagonistes réels dont l’œil et la main sont parfois impliqués dans la gouvernance de Marsam.graphics, dont il a déjà été question ici et dont il sera de nouveau parlé et, d’autre part, la tenue, en parallèle chronologique par pure coïncidence, faut-il le préciser ? à ce récit (lui-même totalement uchronique et atopique) du plus grand rassemblement mondial autour de la Bande Dessinée tel qu’on peut à pu et pourra le voir et y participer dans cet œil du cyclone qu’est alors la bonne ville d’ Angoulême, acropole et accoucheuse des mondes futurs.

 

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