[dropcap]À[/dropcap] l’heure de l’ouverture, on ne sait déjà plus comment ça a commencé… Pour moi, pourtant, ça semblait simple : Elric rentre dans notre atelier de « La Maison des auteurs » à Angoulême, et me dit, en substance, qu’il vient de discuter avec Golo, dans l’atelier de l’étage au dessus du nôtre, et qu’il en sort qu’on devrait créer un site Internet. Je me suis retourné à moitié… et toutes mes bonnes résolutions de ces dernières années (ne plus faire de portail Web, ne plus m’engager dans une aventure collective, ne plus ci, ne plus ça, etc.), toutes se sont écroulées et j’ai lâché, en sub-substance, quelque chose comme « y’a qu’à »…

C’est ensuite que les choses se corsent, car en parlant avec Sophie Guerrive, elle balance « mais… en fait… j’étais là et nous discutions… ».  Ce qui ne m’étonnerait qu’à moitié…  Quoi qu’il en soit, la conséquence de ces conversations croisées ou imaginaires (storytelling) est là, sous vos yeux : un site internet collectif. Une démarche que j’imaginais largement obsolète. Mais voilà, contre ce que j’enseignais encore il y a quelques années, j’ai vu autour de moi un désir de collectif. Un désir qui est peut-être l’indice d’une réaction à l’atomisation de la communication des auteurs provoqué par l’effet conjugué du désengagement des éditeurs qui se dispensent de service de presse et communication et de la monté en puissance des réseaux sociaux qui ont largement phagocyté la fréquentation Web et rendu chacun très autonome.

Oui, très autonome, mais seul. Peut-être est-ce ça qui m’a décidé à me contredire ? Peut-être. Ou peut-être qu’inconsciemment je n’attendais que ça, l’occasion de replonger encore dans une grande aventure numérique, mais cette fois entouré et porté par une grande bande de potes tous plus talentueux les uns que les autres, et qui malgré leur origine parfois lointaine, viennent tous boire des bières par chez moi.

Acté en une seconde, la création d’un site neuf. Mais ensuite, je savais déjà toutes les difficultés auxquelles nous serions confrontés. Et parmi ces épreuves, celle du nom :

Nous nous sommes tous tourné vers Golo, puisque l’impulsion de départ venait de lui… (Arrêtons-nous sur cette version  de l’histoire). Il nous explique qu’il veut un labo, un atelier, un truc libre qui permet de publier ce qu’on veut : des BD, oui, mais aussi des études, des croquis, des story-boards, des textes, etc. Évidemment, ça ne pose pas de problème technique particulier. Sur le Web, les limitations sont dans les cerveaux. Alors oui, mais le nom ? Les déclinaisons de labo ne fonctionnaient pas, très usitées, et en bon « référent Web », je vérifiais en direct la disponibilité dans la base WHOIS.

Elric lance « Super Golo Géant ! » et Sophie Guerrive « Ho oui ! Ho oui ! Super Golo Géant !». Et donc, le site a failli s’appeler comme ça :

Super Golo Géant

Golo a catégoriquement refusé. Je ne comprends pas pourquoi ? Alors, pour sortir de l’impasse que représente toujours une décision collégiale, je reviens au concept et lui demande : « comment dit-on atelier en Égypte ? » « Marsam… ça veut dire atelier d’artiste… » « Comme l’Hôtel de Louxor de ton livre « Chroniques de la nécropole” ? » « Oui ».

Et voilà, c’était évident. Golo, dans sa vie antérieure, avait créé un atelier pour les enfants à Louxor, et il avait par ailleurs des années de souvenirs liés à cet « hôtel Marsam » mythique ou se retrouvaient les gens des Beaux-Arts. Alors pourquoi pas ? Le nom se rode dans les cervelles, et se fait adopter malgré son étrange sonorité. Golo a tout de suite dessiné un titre, récupérant au passage son dieu apotropaïque préféré : Bès.bes

Voilà pour l’identité. Restait le reste, dont je vous dispense.

En clair, c’est quoi Marsam.graphics ?

Un atelier collectif d’auteur de BD. Un lieu plus largement dédié à l’amour du dessin et des fictions populaires. Un espace libre où les auteurs publient ce qu’ils veulent. Mais quels auteurs ? Une bande cosmopolite d’artistes qui se croisent, se découvrent, se retrouvent, s’emmêlent et s’entremêlent autour d’Angoulême, petite ville du sud-ouest de la France que j’appelle parfois le «Hub-BD».

Ils viennent de partout, du monde entier et des quatre coins de la France, pour un week-end, un mois ou dix ans, ou pour enfin s’installer définitivement. Ils se retrouvent ici, dans un lieu minuscule et calme, qui ne se préoccupe pas d’eux, et ils y vivent ce qu’ils ont à y vivre, et y travaillent et y produisent des livres. Beaucoup de livres ! Ce sont ces gens-là, et leur pote, et les potes de pote, qui ont vocation à investir Marsam.

Pour découvrir la bande, vous pouvez visionner les vidéos que nous produisons, ou parcourir les albums du reportage photographique que je réalise sur cette étrange communauté ici :

Romantic iPhone (photos carrées)
Little Asia (photos 16:9)
Vertical Syndrome (Photos verticales)

Le 18 novembre 2015, première réunion Marsam dans l’appartement de Golo,
au dessus de la vallée de la Charente :

marsam01 marsam02

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