[dropcap]D[/dropcap]ifficile de savoir comment c’était venu cette affaire de « trinité », double trinité finalement, maintenant en suspens et assez bizarre.

Autant vous donner tout de suite la position de chacun dans l’espace pour que vous compreniez mieux.

Il, le principal protagoniste, était, le fils de Dio jouant là le rôle de son père, et c’etait assez hallucinant vu la ressemblance, en équilibre sur le bord du toit, tirant des bouffées de son cigare qu’il venait de rallumer avec un zippo.
J’étais, et ne sais comment j’avais réussi cet exploit, à cheval sur une branche du pin couché qui poussait malgré son déracinement partiel du talus rocheux dominant la mer, juste au-dessus de lui et filmais, par jeu plutôt que pour un bout d’essai ou un vrai brouillon de repérage, en numérique réduit au plus simple appareil, à savoir le smartphone du fils de Dio en personne.
Trinidad, elle, pendant ce temps, était gentiment assise sur le dossier du banc de ciment arrondi, au-dessous de nous, et téléphonait on ne savait à qui, tout en levant les yeux vers nous, interrogative et dangereusement exposée à nos éventuelles chutes respectives.

Nous formions ainsi un tableau vivant, moins beau que celui de Masaccio à Florence, 667 cm de haut à peine, mais pas si mal non plus, ainsi échelonnés et suspendus dans les airs.
En tout cas, c’était une trinité sans majuscule mais authentique, une vraie, vivante et reproduite non du tableau dont la perspective s’enfonce dans le mur où il a été peint à fresque, mais du récit de Dio que nous allions bientôt exploiter à fond comme un texte sacré pour notre projet.

Pas facile de comprendre comment ça avait pu commencer,
de fait,
mais c’était bien aussi pour nous comme une renaissance.

Ça avait été peut-être une simple question de tabac.
Il m’avait demandé un petit cigare de la Havane, sachant que comme Dio, je ne fumais que ça.
Ensuite nous avions fait des « caipirochas », faute de cachaça, nous n’avions que des citrons verts et de la vodka, donc, une caipirinha à la hussarde ou plutôt à la russe
Puis les idées étaient venues naturellement, facilement.
Mettre en scène tout ça.
Le fils de Dio ressemblant à Dio, tellement, il jouerait Dio évidemment.
Et j’avais rapporté de mémoire la scène que m’avait racontée Dio, presque dictée, je n’avais eu qu’à transcrire sous son contrôle ce jour-là. Il était à Rio. Il avait vécu comme un happening ce truc et tenez vous, vous aussi, bien accrochés : il avait vécu ça, cette scène acrobatique, sur le Pain de Sucre, en surplomb de la mer, nous y voilà, et il va falloir y revenir, mais là nous avions trop bu.
C’est lui qui m’avait parlé de Masaccio. Nous verrons ça plus tard.
Ya peut-etre un rapport.

Et Trinidad ?
Elle ne passait pas par là du tout par hasard dans notre coin perdu, j’avais dû l’appeler, lui faire une « annonciation » pour accomplir cette trinité.

Mais le vrai point de départ avait été ce retour au

F U M E R
T U E

qui finalement amusait Dio qui, lui, vu sa profession, risquait tous les jours sa vie par d’autres voie que celles du tabac. Mais je le vois bien :
Vous êtes très loin d’imaginer à quel point et comment tout ça s’emboîte, s’implique et s’imbrique.

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