. . . et nous n’avions fait que nous laisser porter par une force qui nous dépassait tous, ç’avait été surprenant et quasi, sinon agréable du moins, facile, après cette angoisse des profondeurs des flots si apparemment lisses et obscurs, après cette crainte des surface où zigzaguaient trop rapidement des véhicules profilés, armés de calandres rutilantes avancées en pare-buffle spatio-dynamiques, aux propulsions pourtant si bruyantes, limite aigu audible, à point de réglage trouant les ouïes, défiant toute volonté de modulation et d’adaptation de l’audition, provenant des quatre points de l’horizon menaçant et . . . morne dans ses confins de cave infinie, noir et illuminé par saccades, c’était un peu se sentir dans un ascenseur-catapulte confortable, dans un courant ascendant tiède et bienfaisant, c’était jouer, sans même écarter les ailes, les condors dans un canyon délimité, connu et très étroit, ancestralement adapté à ce vol, après un matin glorieux, bien après le lever du soleil, quand l’air déjà chaud porte et soulève le corps . . . sauf que, nous le savions, nous n’allions pas planer longtemps,

l’air allait nous manquer,

nous allions choir, soufflerie coupée, de nous porter

s’arrêtant,

colombe que Kant vit s’effondrer sans cet air qui résiste et la porte, enfin libre selon ses vœux les plus fous et soudain bête idiote dégringolée

comme jamais Icare et comme ne churent les hommes, comme jamais ne l’éprouvèrent aucun conquérant, aucun aigle . . .ni trop glorifiés vainqueurs, ni DSK ni Ghosn, ni tant qu’à faire Alexandre de Macédoine, au moment décisif du sommet de leur triomphal basculement, du geste de trop, de l’emportement/retournement final . . . nous le savions, ce qui nous attendait,

c’était, papillon brûlé, Napoléon de pacotille, ni Dominguin, ni vêtu de lumière, le banal combat sur le sable qui absorbe le sang dans un cercle clos, écrasant, entourés, cernés de milliers d’yeux et de cris dans les gradins hurlants et pleins.

Mais cela c’était sans compter sur . . . sinon le miracle du moins . .  le prodige. . . , car rassurez-vous, cette histoire ne va pas finir en hagiographie de saints, tous ces saints de glace ou de feu, qui furent d’abord de chair souffrante, exposée aux caprices des foules et des empereurs, dont nous portons, en chrétienté, le nom, le prénom, le renom, . . . . vous savez ces histoires où la sainte ou le saint, brûlé.e, rôti.e, écartelé.e, jeté.e au fleuve ou la mer, empalé.e,  seins coupés, tête écrasée, crucifié.e tête en bas, membres tronqués, émasculé, violé.e, pieds en brodequin, yeux crevés, éborgnés, arrachés, livré.e aux lions, jeté.e en pâture aux murènes et aux crocodiles, finissent par s’en tirer . . . quelquefois, pas toujours, avant d’être canonisés;

mais, cerises de printemps glacé, canonisés nous l’étions déjà, . . . enfoncés et encastrés en ce tube qui nous projetait vers ce que nous imaginions comme le pire et ne l’était pas forcément au bout du compte à rebours de notre trajectoire de lévitation, de décollage ou décollement.

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