Cette blague idiote et rabâchée me courrait dans la tête quand je suis sorti de l’eau salée à merveille qui avait ce jour-là particulièrement ce goût franc d’huître méditerranéenne de Leucate ou Bouzigues, noisette et iode, chair vive et musclée, douce et ferme à sel dominant que je sens à goûter l’eau seulement ( et ça je le sens sur la langue au léger clapot quand nageant je tourne la tête et ouvre la bouche pour respirer) et que j’ai vu la plage semi-ellipse vide, elliptique monde désert, nue, espace découpé, bout de monde vierge, sans trace du moindre pas et que j’ai pensé presque à haute voix, encore plus stupidement que ce refrain idiot qui tournait dans ma tête :

c’est le monde neuf après l’apocalypse, ils sont tous partis me laissant la mer transparente et lisse.

Oui, un peu froid quand même, pas l’élément eau encore à 19°, mais l’air quand on sort avec ce résidu intermittent et bourru de Tramontane qui fouette et évapore l’eau de la peau, quand m’a sauté à la tête stupidement ce refrain idiot « de 7 à 77 ans » que tout le monde croit malin de re-sortir sans mesurer ce qu’il implique, ce qu’il rabâche comme condamnation, oui car en ce qui me concerne, c’est dans un mois exactement, il paraîtrait (vraiment ?) que je ne pourrai plus lire Tintin.

Mais peut-être pourrai-je encore raconter des histoires à dormir en courant ou couché, nageant dans l’eau avant d’être enterré debout (fantasme outrecuidant) dans la terre rocailleuse de mon jardin sauvage.

Voilà. Transgresser les bienséances de l’âge, parcourir les cycles en spirales tire-bouchonnées, s’arranger à ruer dans les attaches lâches des brancards .

Invitation à braver les bornes et les barrières.

Remonter et descendre le temps, limité seulement par cet espace qui sépare les envers et les envies d’écrire, les insomnies, les dialogues à l’infini avec des étrangers, retrouver les visages qui changent, les vagabondages et les explorations minuscules que je dois bien effectuer pour maintenir les tubes et les ressorts et l’horloge tic tac, avant le crac, circuits internes du corps. Deux choses me passionnent aveuglément pour l’heure, nager en mer profonde ou au moins en baie ou crique inconnue et monter des pentes, des cols, de petits pics, sans savoir ce qu’il y a au bout, crucifixion de ferraille, chapelle, pierraille et murs démantelés, reste de tour et ruine ou drapeau catalan déchiré par le vent, le plus couramment, du moins ici en ce quasi pays où je navigue parfois et crapahute souvent.

Tout le monde m’a dit de prendre mon portable pour ces mini-expéditions terrestres (oh j’ai tellement d’amis plus compatissants qu’encourageants !), mais ce n’est pas le cas. Réfractaire, je m’en sers très peu du portable depuis (souvenirs lointains pourtant et rébellion tardive et décalée) que j’étais par obligation professionnelle, satellisé déjà, bipé ou relié par talkie-walkie encombrant (on nous demandait de ne pas l’éteindre même au cinéma ou au théâtre, faisait-on exception des concerts?) à des autorités supposées supérieures en pays à risques tellement et réellement divers. Donc, maintenant, je vais droit, sans tourner la tête, sans même savoir, mais comme tout le monde somme toute (du moins pour ce qui est du savoir).

Ça me rappelle un rêve de Natacha.

Quand elle courait poursuivie non par un taureau, non par un crocodile, emblèmes de la ville romaine des corridas non admise au palmarès de l’UNESCO dont nous avons fait notre retraite, poursuivie par une autruche (je ne sais pas si ça vous est arrivé mais c’est assez inquiétant un tel rêve ou un tel événement réel, ces pattes puissantes, cette hauteur de l’animal, la force de son cou et de son bec et sa vitesse certes bien connue, mais quand il faut l’affronter . . .) et que finalement (oui nous n’avons pas toujours vécu au Cap Creux et à Nîmes avec Natacha, nous étions partis assez loin), l’autruche l’ayant facilement rejointe, se mit à lui pincer gentiment l’oreille.

Donc, sans oreillette, sans portable et sans mettre la tête dans le sable, je me suis maintenant beaucoup trop avancé pour m’arrêter dans cette affaire qui pourtant, vous l’imaginez bien, me dépasse totalement.

Reprenons nos repères :

  • Un, ça se passe à Nîmes et pas ailleurs. Impossible.
  • Deux, ça suppose une avancée dans le temps un peu sf (je préfère l’écrire en minuscule).mais pas très loin dans les percées contemporaines peu explorées (j’ai adoré la physique et la biologie mais surtout ramenées à la dioptrique et aux animaux machines).
  • Trois, il y sera démontré ici, il le faut, que des naumachies ont pu ou auraient pu ou pourraient avoir lieu dans les arènes de cette ville romaine, et ce malgré l’avis de tous les experts consultés.

Avouez que dans ma position, intrus au milieu de ces créateurs et exégètes de BD majuscule . . . et poursuivi – la limite fatidique approche à grands pas – par la menace de ne plus pouvoir lire Tintin, il me fallait reprendre des forces pour envisager très bientôt de vous raconter cette étrange et folle affaire de combat naval

où comme dans cette nouvelle d’Alejo Carpentier pourraient se rejoindre sur une terre fraîchement émergée du déluge tous les Noé éparpillés de divers naufrages

où même celui qui écrit à ma place, au travers de moi, celui qui a nom Achille Emard, risque d’apparaître inopinément surgeon régressif d’une généalogie sinon iroquoise du moins québécoise.

Peu nourri de « comics » dans mon enfance, sauf de ceux qui d’outre-Atlantique nous envoyaient fabuleusement leurs parures de plumes et leur calumets . . .leurs trappeurs et courses de chien . . . . . .

. . . . . Tiens, le voilà cet Agile Homard qui me parle à nouveau,

voix d’ancêtres mythiques,

bouillonnant dans ma gorge et mon sang . . .

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